"- Couppaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinn !!! - Eh mais j'te connaît pas toi ?!!"

Ce matin-là, Pumpkin se leva de fort bonne humeur. Comme souvent d'ailleurs. Et comme à son habitude, la changeline ne quittait presque jamais son apparence de poney terrestre basique. Elle utilisait plus ou moins les mêmes couleurs que son apparence véritable, à savoir gris anthracite et orange citrouille car elle n'aimait pas se casser la tête, surtout sur ce genre de détails tels que les couleurs. Et c'était plus facile ainsi.
Toutefois, elle avait une coiffure élégante, mais pas trop travaillée, juste ce qu'il fallait pour que ce soit joli sans être ostentatoire comme les poneys de cristal par exemple. Ses yeux étaient d'une belle forme d'amande, et l'iris était de taille moyenne, et orange lui aussi. En somme, c'était une apparence discrète, délicate, faite pour ne pas se faire trop remarquer. Sa cutie mark représentant une branche de cerisier ornait son flanc comme toujours. Elle l'avait choisie par rapport au métier qu'elle exerçait : fleuriste. Et aussi parce que c'était joli. Pumpkin avait un grand sens de l'esthétique, en particulier en ce qui concernait les fleurs, et les plantes en général.

Elle décida de se rendre au royaume des délices et des saveurs, le Sugar Cube Corner, avant d'aller travailler. C'était un de ses rituels, qu'elle appréciait tout particulièrement, car cela la détendait dès le matin. Après ce détour, elle pouvait aborder sa journée sereinement. Cette pâtisserie était la plus jolie et la meilleure de Ponyville et des environs, réputée pour avoir concouru à de nombreuses reprises dans les plus grands concours de pâtisserie d'Equestria. C'était un lieu de fêtes et de rencontres. Pumpkin adorait y trainer et y créer de nouvelles amitiés.

Elle y arriva peu après l'ouverture, car la majorité des boutiques de Ponyville suivaient les mêmes horaires. Elle se joignit à la queue pour faire l’acquisition d'une douceur avant de commencer sa journée de travail. Après avoir obtenu un substrat de petit déj' bien sucré, elle alla s'asseoir en terrasse, tout en observant la rue et en touillant son café. C'est alors qu'elle le vit.

Pumpkin savourait l'un des meilleurs - à son sens bien entendu -  plaisirs de la vie : un café-crème, accompagné d'un des plus délicieux et fabuleux croissant au beurre qu'il lui eut été donné de goûter dans sa courte existence sur cette terre, quand elle aperçu l'un de ses congénères. Vous l'aurez compris, quand il s'agissait de nourriture, la jeune changeline n'était ps avare de superlatifs, loin s'en faut. Elle était à ce point accaparée par son somptueux petit déjeuné, qui d'un point de vue extérieur pouvait paraître réellement et profondément banal, qu'elle faillit bien rater la présence de l'autre.

Les changelins pouvaient percevoir leurs congénères et leurs semblables de bien différentes façons. Pour ce qu'elle en savait, cela se basait sur l'un des cinq sens, mais certains étaient plus utilisés en proportions que d'autres. Certains changelings se servaient de leur odorat, d'autres de leur ouïe -elle se demandait bien comment d'ailleurs - et d'autres tout bêtement de leur vue. Notre citrouille faisait partie de cette dernière catégorie. Elle avait cette capacité à voir ceux de son peuple de la même façon que l'on voit à travers des lunettes parfaitement adaptées à notre vue : crystalinement bien. Elle pouvait donc voir, sous la fausse identité de ce changelin, sa véritable apparence. Selon qu'elle regardait par dessus ou par dessous ses verres imaginaires, elle pouvait voir se superposer l'une ou l'autre de ses apparences.

Abandonné par une compagne qu'il semblait considérer comme gênante et invasive, la fausse licorne semblait, contrairement à Pump, pas franchement à l'aise dans cette foule de poneys bigarrés. C'était l'une des raisons pour laquelle la citrouille s'était installée à Ponyville : son caractère. Son caractère à elle, si contre-pied, si détonnant au cœur même de la ruche. Profondément différent de celui des autres changelings, elle était la joie de vivre et l'envie du monde par excellence. A contrario de ça, ses contemporains pouvaient parfois se montrer forts sinistres. A commencer par celui qu'elle voyait à quelques tables d'elle. Il semblait avoir deviné ce qu'elle était, elle aussi. D'un autre côté, elle savait que ses couleurs étaient faciles à reconnaître pour un de ses semblables. Elle lui fit donc un petit signe amical et discret lorsqu'il tourna la tête vers elle pour l'examiner, et afin de lui montrer qu'elle aussi l'avait reconnu. Elle lui adressa un signe d'encouragement de la tête, et fit de son mieux pour paraître amicale mais sans effusions.